LES LIEUX D'INCARCÉRATION
La prison de La Force
La prison de La Force était située rue du Roi de Sicile entre la rue Pavée et la rue de Sévigné actuelle (4e arrondissement).L’hôtel de la Force construit en 1698 est racheté par l’Etat en 1754 qui le transforme en 1780 en deux prisons : la Petite Force pour les femmes de mauvaise vie, située rue Pavée, entrée à hauteur du numéro 22 actuelle ; la Grande Force pour les hommes, entrée au 2 actuel de la rue du Roi de Sicile.
En septembre 1792, il y a à la Grande Force 406 détenus dont une douzaine de prêtres réfractaires ; il y a 168 victimes dont 3 prêtres. Les condamnés sont massacrés devant la porte de la Grande Force, et les cadavres traînés au coin des rues Malher et Saint-Antoine. A la Petite Force sur 110 détenues, il n’y a qu’une victime : la Princesse de Lamballe.
En 1845 les deux prisons sont démolies et la rue Malher est percée sur son emplacement en prolongement de la rue des Ballets qui reliait, à la Révolution, la rue Saint-Antoine à la rue du Roi de Sicile (rue des Droits de l’Homme, pendant la Révolution).
Il reste un morceau de mur à l’angle des rues Pavée et Malher, et la caserne des pompiers de la rue Sévigné. Une plaque sur la façade du 2 de la rue du Roi-de-Sicile évoque les massacres.
L’Abbaye Saint-Germain-des-Prés
L’Abbaye remonte au VIe siècle, créée par Childebert Ier, fils de Clovis pour conserver la tunique de Saintt Vincent, diacre martyr de Saragosse. Ruinée par les Normands, elle est reconstruite vers l’an 1000 (église actuelle). Au XIIe siècle, on édifie de belles constructions dont la chapelle de la Vierge presque parallèle à la rue de l’Abbaye (à l’emplacement des n° 6 et 8 ) son chevet touchant au revers du n° 10 de la rue Furstemberg. C’est dans cette chapelle que le 3 septembre les Abbés Lenfant et Chapt de Rastignac donnèrent l’absolution à leurs codétenus avant d’être massacrés.L’abbaye Saint-Germain-des-Prés s’étendait entre les rues actuelles Saint-Benoît, Jacob, Cardinale, de la Petite-Boucherie, et Gozlin (6e arr.). Elle est supprimée en février 1792.
L’ancienne prison de l’Abbaye (qui se trouvait à l’angle du boulevard Saint-Germain et de la rue Gozlin) est devenue prison militaire en 1674, c’est à ce titre qu’on y enferme après le 10 août les Suisses ; puis de nombreux « suspects » étant arrêtés les jours suivants la prison devient trop petite et on utilise les bâtiments de l’abbaye, en particulier la chapelle de la Vierge et les bâtiments entourant le cloître (à l’emplacement de la rue de l’Abbaye).
En 1793, l’Abbaye sert d’entrepôt à poudre (réfectoire) et à charbon (chapelle de la Vierge) et de raffinerie de salpêtre (église). En août 1794 le magasin à poudre explose détruisant le réfectoire et plusieurs bâtiments. Le bâtiment abbatial est vendu en 1797. L’église est rendue au culte en 1806. Des rues sont percées sur l’emplacement de l’abbaye à partir de 1800 (rue de l’Abbaye en 1800, rue Bonaparte en 1804, boulevard Saint-Germain 1866-1875). Le bâtiment des hôtes, orienté sensiblement nord-sud commençait à l’angle nord de la façade de l’église et faisant un léger angle avec la rue Bonaparte, se prolongeait au delà de la rue de l’Abbaye actuelle (n°14 et 16) jusqu’au n° 37 de la rue Bonaparte. Les massacres eurent lieu devant l’entrée de ce bâtiment sensiblement à l’emplacement de la chaussée, à hauteur du square actuel.
Il subsiste de l’Abbaye, l’église et le palais abbatial, quelques pierres rassemblées dans le square et un vestige d’une des tours d’enceinte de l’abbaye au 15 de la rue Saint-Benoît.
Prudhomme, le rédacteur des « Révolutions de Paris » a habité jusqu’en 1790 au 19 de la rue Jacob maison située en bordure de l’infirmerie de l’abbaye (en 1792 Prudhomme habitait 18, rue Visconti). Aucune plaque extérieure ne mentionne les massacres. A l’intérieur de l’église une chapelle latérale sud est consacrée aux Bienheureux martyrs.
Le cimetière de Vaugirard
Créé en 1784, le cimetière de Vaugirard s’étendait entre la rue de Vaugirard et le chemin de Sèvres à l’emplacement actuel du boulevard Pasteur, du lycée Buffon et de la rue de Staël. Il comportait deux portes, une sur la rue de Vaugirard, l’autre sur le chemin de Sèvres (rue Lecourbe). Les inhumations s’y faisaient en fosses communes ; on creusait une nouvelle fosse avant d’avoir fini de remplir la fosse en cours d’utilisation. Une trentaine de martyrs des Carmes ont été inhumés dans une fosse commune “proche de l’entrée”. Le cimetière a été désaffecté en 1824, et les ossements transférés aux Catacombes.Le couvent des Carmes
70, rue de Vaugirard Paris VILe séminaire des Carmes en 1900
Le séminaire de Saint-Firmin
Il se situait à hauteur des n° 2, 4, et 4 bis de la rue actuelle des Ecoles, dans le 5e arrondissement. Créé en 1250 comme collège des “Bons Enfants” dont Saint Vincent de Paul est devenu le principal en 1624. En 1625 il y institue la Communauté qui prend plus tard le nom de « Prêtres de la Mission » et de « Lazaristes ». En 1632 la Communauté quitte les bâtiments et laisse la place à un collège et un séminaire qui prend le nom de Saint-Firmin du nom du saint auquel est dédiée la chapelle. En 1763 le collège est réuni au collège Louis-Le-Grand ; le reste demeure séminaire jusqu’à la Révolution.En 1792 le séminaire est transformé en dépôt pour les prêtres réfractaires et les laïcs qui leur sont fidèles qui y résident et pour les prêtres réfractaires et laïcs des collèges, communautés religieuses du quartier et les aumôniers des hôpitaux (93 détenus dont 76 sont massacrés).
En fin 1792 les bâtiments sont affectés à une prison et le resteront jusqu’en 1815, époque à laquelle les bâtiments sont transformés en institution pour jeunes aveugles.
De 1844 à 1860 ils sont affectés à une caserne. Puis jusqu’en 1920, ils abritent le magasin de vente des domaines ; une salle y est dénommée “Salle des Morts” en souvenir des victimes de septembre 1792. Ils sont détruits en 1920. En 1992 un nouveau bâtiment avec plusieurs niveaux de sous-sol fait disparaître les dernières traces du séminaire. Aucune plaque ne commémore le souvenir des martyrs.