LES REACTIONS FACE A CE TEXTE
Les réactions des catholiques, clergé et fidèles, à la Constitution civile du clergé ne sont ni immédiates ni unanimes : certains n’y voient que les réformes nécessaires pour faire disparaître les abus existants, sans penser à ceux qui sortiront de ce bouleversement, d’autres approuvent un texte dont ils se sentent bénéficiaires, beaucoup se laissent entraîner par le courant factice d’enthousiasme et d’attendrissement qui entoure tous les actes de la Constituante, même les plus anodins, quelques uns approuvent la séparation d’avec Rome ; les religieux, si ils n’ont pas de fonction officielle, ne sont pas tenus au serment, mais certains le prêtent volontairement, d’autres font part de leur opposition.
Très vite, cependant, les évêques, comme un certain nombre de prêtres, font ressortir ce que cette loi à de pervers et de schismatique. C’est ainsi qu’à la fin d’octobre 1790 Monseigneur de Boisgelin publie une brochure dans laquelle il démontre le caractère schismatique de cette loi tout en insistant pour que les catholiques multiplient les concessions afin de “sauvegarder l’unité du culte et l’enseignement de la foi”. Cent quarante-deux évêques appuient de leur signature ce texte que de nombreux curés et la moitié des députés ecclésiastiques font leur.
Au fur et à mesure que paraissent les écrits des opposants à la loi, la résistance se fait de plus en plus sentir dans une grande partie du clergé ; c’est alors, que voulant imposer sa réforme l’Assemblée adopte la loi sur le serment. Le texte du serment demandé est vague et équivoque “Je jure de veiller avec soin sur les fidèles du diocèse (ou de la paroisse) qui m’est confié ; d’être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, et de maintenir de tout mon pouvoir la constitution décrétée par l’Assemblée et acceptée par le Roi”.
Si on peut envisager qu’il est licite de jurer de remplir les charges de ses fonctions sacerdotales et d’être fidèle au Roi et à la Nation, en est-il de même du maintien de la constitution ? D’abord de quelle constitution s’agit-il ? Celle du royaume n’est pas encore complètement votée ; s’agit-il donc de la Constitution civile du clergé ? Cette ambiguïté permet de jeter la suspicion sur ceux qui n’accepteraient pas la nouvelle organisation de l’Eglise en France et, partant, de faire croire que le clergé veut maintenir privilèges et abus.
Les évêques, les théologiens, et les prêtres des villes qui ont suivis la discussion de près savent ce qui est en jeu et c’est en toute connaissance de cause, dans le droit fil de leurs opinions gallicanes ou par ambition, que certains se lancent dans le courant constitutionnel. Pour les prêtres des campagnes les prises de position sont moins faciles ; beaucoup plus isolés, ils ne connaissent de la loi et de son contexte que ce qu’en colportent les on-dit ; on les assure qu’il ne s’agit que d’une promesse de fidélité aux lois et aux engagements de leur sacerdoce, que les abus sont supprimés, que le sort des modestes desservants sera amélioré, que le Roi a signé la loi. Par ailleurs, ils reçoivent des mandements de leur évêque contre les jureurs et les intrus, à cela on leur fait remarquer que si les évêques sont opposés à cette loi c’est uniquement à cause de la perte de leurs bénéfices. Plusieurs prêtres pensent que refuser le serment va les faire chasser et laisser la place à des intrus qui détruiront tout ce qu’ils ont eu tant de peine à édifier chez leurs paroissiens. Certains se laissent ainsi entraîner à accepter le serment, d’autres, mieux informés, le refusent.
Si la quasi totalité des évêques refusent le serment (7 évêques jureurs sur 160), le clergé dans l’ensemble, se partage à peu de chose près par moitié. L’influence plus ou moins grande de l’évêque sur ses prêtres, du curé sur ses vicaires, de théologiens, fait que selon les diocèses et les paroisses les pourcentages de jureurs et de réfractaires sont très variables. Certains cependant prêtent le serment demandé mais exigent que soit inscrit au procès-verbal qu’ils en excluent tout ce qui est contraire à la religion ou à la discipline ecclésiastique ; cette rétractation est souvent acceptée par les autorités locales mais refusée par les directoires départementaux, ces prêtres rejoignent alors immédiatement les rangs des réfractaires. D’autres prêtres ne sont ni jureurs, ni réfractaires, ne se présentant pas à la cérémonie de prestation du serment.
Quand, en dépit de l’action des prêtres constitutionnels et des pouvoirs publics, sont connus les brefs pontificaux sur le serment, de très nombreux prêtres, qui avaient crû pouvoir le prêter, se rétractent très officiellement devant les autorités civiles.
Le refus de serment entraîne automatiquement l’expulsion du prêtre réfractaire et son remplacement par un prêtre assermenté. Mais la population refuse la plus part du temps le prêtre constitutionnel, il faut alors faire appel à la force publique pour l’installer dans une église qui restera dès lors pratiquement vide.
Le prêtre réfractaire, lui, continue alors son ministère dans des lieux de fortune où se presse la foule des fidèles ; parfois les relations entre les deux prêtres ne sont pas trop mauvaises et le prêtre constitutionnel prête son église à son prédécesseur.
La pression s’accentuant, les réfractaires sont obligés de quitter leur paroisse : un certain nombre prend le chemin de l’émigration (certains de ces prêtres joueront un rôle important dans le développement du catholicisme aux Etats-Unis d’Amérique et en Angleterre), d’autres se cachent à proximité pour pouvoir continuer leur ministère auprès de leurs paroissiens, d’autres se retirent dans leur famille ou rejoignent une ville où il est plus facile de se cacher et en particulier Paris ; ils demandent alors asile à leur ancien séminaire (Saint-Sulpice, Saint-Firmin) ou se regroupent dans des pensions meublées du voisinage, d’autres enfin plongent dans la clandestinité et, changeant fréquemment de cachette, assurent leur ministère dans toute une région (des évêques organiseront ces missions donnant mêmes des directives et des conseils sur les déguisements à adopter).
Très vite, cependant, les évêques, comme un certain nombre de prêtres, font ressortir ce que cette loi à de pervers et de schismatique. C’est ainsi qu’à la fin d’octobre 1790 Monseigneur de Boisgelin publie une brochure dans laquelle il démontre le caractère schismatique de cette loi tout en insistant pour que les catholiques multiplient les concessions afin de “sauvegarder l’unité du culte et l’enseignement de la foi”. Cent quarante-deux évêques appuient de leur signature ce texte que de nombreux curés et la moitié des députés ecclésiastiques font leur.
Au fur et à mesure que paraissent les écrits des opposants à la loi, la résistance se fait de plus en plus sentir dans une grande partie du clergé ; c’est alors, que voulant imposer sa réforme l’Assemblée adopte la loi sur le serment. Le texte du serment demandé est vague et équivoque “Je jure de veiller avec soin sur les fidèles du diocèse (ou de la paroisse) qui m’est confié ; d’être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, et de maintenir de tout mon pouvoir la constitution décrétée par l’Assemblée et acceptée par le Roi”.
Si on peut envisager qu’il est licite de jurer de remplir les charges de ses fonctions sacerdotales et d’être fidèle au Roi et à la Nation, en est-il de même du maintien de la constitution ? D’abord de quelle constitution s’agit-il ? Celle du royaume n’est pas encore complètement votée ; s’agit-il donc de la Constitution civile du clergé ? Cette ambiguïté permet de jeter la suspicion sur ceux qui n’accepteraient pas la nouvelle organisation de l’Eglise en France et, partant, de faire croire que le clergé veut maintenir privilèges et abus.
Les évêques, les théologiens, et les prêtres des villes qui ont suivis la discussion de près savent ce qui est en jeu et c’est en toute connaissance de cause, dans le droit fil de leurs opinions gallicanes ou par ambition, que certains se lancent dans le courant constitutionnel. Pour les prêtres des campagnes les prises de position sont moins faciles ; beaucoup plus isolés, ils ne connaissent de la loi et de son contexte que ce qu’en colportent les on-dit ; on les assure qu’il ne s’agit que d’une promesse de fidélité aux lois et aux engagements de leur sacerdoce, que les abus sont supprimés, que le sort des modestes desservants sera amélioré, que le Roi a signé la loi. Par ailleurs, ils reçoivent des mandements de leur évêque contre les jureurs et les intrus, à cela on leur fait remarquer que si les évêques sont opposés à cette loi c’est uniquement à cause de la perte de leurs bénéfices. Plusieurs prêtres pensent que refuser le serment va les faire chasser et laisser la place à des intrus qui détruiront tout ce qu’ils ont eu tant de peine à édifier chez leurs paroissiens. Certains se laissent ainsi entraîner à accepter le serment, d’autres, mieux informés, le refusent.
Si la quasi totalité des évêques refusent le serment (7 évêques jureurs sur 160), le clergé dans l’ensemble, se partage à peu de chose près par moitié. L’influence plus ou moins grande de l’évêque sur ses prêtres, du curé sur ses vicaires, de théologiens, fait que selon les diocèses et les paroisses les pourcentages de jureurs et de réfractaires sont très variables. Certains cependant prêtent le serment demandé mais exigent que soit inscrit au procès-verbal qu’ils en excluent tout ce qui est contraire à la religion ou à la discipline ecclésiastique ; cette rétractation est souvent acceptée par les autorités locales mais refusée par les directoires départementaux, ces prêtres rejoignent alors immédiatement les rangs des réfractaires. D’autres prêtres ne sont ni jureurs, ni réfractaires, ne se présentant pas à la cérémonie de prestation du serment.
Quand, en dépit de l’action des prêtres constitutionnels et des pouvoirs publics, sont connus les brefs pontificaux sur le serment, de très nombreux prêtres, qui avaient crû pouvoir le prêter, se rétractent très officiellement devant les autorités civiles.
Le refus de serment entraîne automatiquement l’expulsion du prêtre réfractaire et son remplacement par un prêtre assermenté. Mais la population refuse la plus part du temps le prêtre constitutionnel, il faut alors faire appel à la force publique pour l’installer dans une église qui restera dès lors pratiquement vide.
Le prêtre réfractaire, lui, continue alors son ministère dans des lieux de fortune où se presse la foule des fidèles ; parfois les relations entre les deux prêtres ne sont pas trop mauvaises et le prêtre constitutionnel prête son église à son prédécesseur.
La pression s’accentuant, les réfractaires sont obligés de quitter leur paroisse : un certain nombre prend le chemin de l’émigration (certains de ces prêtres joueront un rôle important dans le développement du catholicisme aux Etats-Unis d’Amérique et en Angleterre), d’autres se cachent à proximité pour pouvoir continuer leur ministère auprès de leurs paroissiens, d’autres se retirent dans leur famille ou rejoignent une ville où il est plus facile de se cacher et en particulier Paris ; ils demandent alors asile à leur ancien séminaire (Saint-Sulpice, Saint-Firmin) ou se regroupent dans des pensions meublées du voisinage, d’autres enfin plongent dans la clandestinité et, changeant fréquemment de cachette, assurent leur ministère dans toute une région (des évêques organiseront ces missions donnant mêmes des directives et des conseils sur les déguisements à adopter).