HOMÉLIE DE LA SOLENNITÉ 2022 - Monseigneur Maurice de Germiny, évêque émérite de Blois
Dimanche 9 Octobre 2022 - 28eme dimanche T. O., année C (2022)
Paris, Saint Joseph des Carmes
(2 R 5, 14-17; 2 Tm 2, 8-13; Lc 17, 11-19)
Frères et soeurs, chers amis, « Relève-toi et va: ta foi t’a sauvé» (Luc 17, 19).
Il y a quelques semaines, je célébrais la messe dominicale dans un petit village de la Suisse Normande dans l’Orne, à la Forêt-Auvray. À l’entrée de l’église était accrochée une plaque où on lisait: « Hommage de la paroisse à son glorieux fils l’abbé Jacques de La Lande, baptisé en cette église le 8 mars 1733, député aux États généraux, membre de la Constituante, mis à mort en haine de la foi le 3 septembre 1792, béatifié par le pape Pie XI le 17 octobre 1926. Ô bienheureux martyr, priez pour nous.» À la fin de la messe et à quelques jours de la mémoire liturgique de nos martyrs de septembre, je soulignai la grâce que les habitants de la Forêt avaient de comporter parmi eux un tel compatriote. Après la bénédiction, je retrouvai les paroissiens sur le parvis, ceux-ci étaient partis mais un couple restait. Avec hésitation m’a-t-il semblé, l’homme et la femme s’approchèrent de moi. L’homme se mit à parler: « Tout à l’heure vous avez évoqué l’abbé Jacques de La Lande, ça m’a fait très plaisir! Vous voyez ma femme. Elle était enceinte. Au cours d’une visite, le médecin lui déclara que l’enfant qu’elle portait ne serait pas bien constitué et qu’il valait mieux avorter. Ma femme et moi nous avons décidé de garder l’enfant. Une amie nous avait parlé de l’abbé Jacques de La Lande et nous avait conseillé de le prier. Ce que nous avons fait. Marie est née. Elle va bien. Elle est jolie. Et nous en sommes bien heureux.»
Je vous avoue que cette rencontre m’a bouleversé. Ce prêtre normand devenu curé d’Illiez au diocèse d’Évreux était ainsi toujours attentif à son peuple et intercédait pour lui. C’est avec cette histoire que j’ai médité l’évangile de ce jour: « Jésus maître prends pitié de nous… Allez vous montrer au prêtre... Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé » (Luc 12, 11-19). Frères et sœurs, Nous avons entendu cette affirmation de Paul à Timothée: « N’enchaîne pas la parole de Dieu» (2Tm 2, 9). C’est bien ce message que nous délivrent les martyrs de septembre. En étant fidèles à l’appel du Seigneur, ils ont acquis la liberté véritable, leur donnant le courage de supporter l’épreuve du massacre. « Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons» (2Tm 2, 11).
Le cardinal Lustiger avait fait son séminaire aux Carmes. Il était très attaché au souvenir des martyrs et la célébration du 2 septembre était un moment important dans son ministère épiscopal pour demander à Dieu la sanctification du presbyterium parisien. « Dieu est amour» (1Jn 4, 8), telle est l’identité de Dieu en qui nous croyons mais « l’amour n’est pas aimé» (saint François d’Assise). La haine de la foi perdure. Notre prière d’aujourd’hui doit rejoindre tous ceux qui sont persécutés et tués à cause de leur foi. Les martyrs ne sont pas des figures d’un autre âge. Le beau témoignage de la foi continue à être rendu et il convient que les disciples du Christ se soutiennent dans l’épreuve. Le XXe siècle a été un siècle de martyrs. Nombreux sont les hommes et les femmes qui ont été tués en haine de la foi dans les goulags, à Dachau, à Auschwitz… Édith Stein, Marcel Callo… Rappelons aussi les noms de Monseigneur Romero au Salvador et de Christian de Chergé, supérieur de Tibhirine, ancien des Carmes. Actuellement, certains pays connaissent une forte persécution: le Nicaragua, le Nigéria, le Mexique, le Mozambique, l’Inde, la Libye, le Cameroun. La France non plus n’est pas épargnée et nous nous référons alors à Jacques Hamel assassiné à Saint-Étienne-du-Rouvray en 2016. Le procès qui attend le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque émérite de Hong Kong, nous appelle à un soutien spirituel pour lui et pour une église catholique qui peut se sentir abandonnée.
Au deuxième livre des Rois, nous avons entendu: « Permets que Ton serviteur emporte de la terre de ce pays…» Ceci me fait penser à cette phrase bien connue de Tertullien « sanguis martyrum, semen christianorum» et celle au bas du perron des Carmes où ils tombèrent: « Hic ceciderunt». Les martyrs ont « imbibé» de leur sang une Terre Sainte et qui nous porte pour marcher comme eux pour la gloire de Dieu et le salut du monde. AMEN
Paris, Saint Joseph des Carmes
(2 R 5, 14-17; 2 Tm 2, 8-13; Lc 17, 11-19)
Frères et soeurs, chers amis, « Relève-toi et va: ta foi t’a sauvé» (Luc 17, 19).
Il y a quelques semaines, je célébrais la messe dominicale dans un petit village de la Suisse Normande dans l’Orne, à la Forêt-Auvray. À l’entrée de l’église était accrochée une plaque où on lisait: « Hommage de la paroisse à son glorieux fils l’abbé Jacques de La Lande, baptisé en cette église le 8 mars 1733, député aux États généraux, membre de la Constituante, mis à mort en haine de la foi le 3 septembre 1792, béatifié par le pape Pie XI le 17 octobre 1926. Ô bienheureux martyr, priez pour nous.» À la fin de la messe et à quelques jours de la mémoire liturgique de nos martyrs de septembre, je soulignai la grâce que les habitants de la Forêt avaient de comporter parmi eux un tel compatriote. Après la bénédiction, je retrouvai les paroissiens sur le parvis, ceux-ci étaient partis mais un couple restait. Avec hésitation m’a-t-il semblé, l’homme et la femme s’approchèrent de moi. L’homme se mit à parler: « Tout à l’heure vous avez évoqué l’abbé Jacques de La Lande, ça m’a fait très plaisir! Vous voyez ma femme. Elle était enceinte. Au cours d’une visite, le médecin lui déclara que l’enfant qu’elle portait ne serait pas bien constitué et qu’il valait mieux avorter. Ma femme et moi nous avons décidé de garder l’enfant. Une amie nous avait parlé de l’abbé Jacques de La Lande et nous avait conseillé de le prier. Ce que nous avons fait. Marie est née. Elle va bien. Elle est jolie. Et nous en sommes bien heureux.»
Je vous avoue que cette rencontre m’a bouleversé. Ce prêtre normand devenu curé d’Illiez au diocèse d’Évreux était ainsi toujours attentif à son peuple et intercédait pour lui. C’est avec cette histoire que j’ai médité l’évangile de ce jour: « Jésus maître prends pitié de nous… Allez vous montrer au prêtre... Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé » (Luc 12, 11-19). Frères et sœurs, Nous avons entendu cette affirmation de Paul à Timothée: « N’enchaîne pas la parole de Dieu» (2Tm 2, 9). C’est bien ce message que nous délivrent les martyrs de septembre. En étant fidèles à l’appel du Seigneur, ils ont acquis la liberté véritable, leur donnant le courage de supporter l’épreuve du massacre. « Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons» (2Tm 2, 11).
Le cardinal Lustiger avait fait son séminaire aux Carmes. Il était très attaché au souvenir des martyrs et la célébration du 2 septembre était un moment important dans son ministère épiscopal pour demander à Dieu la sanctification du presbyterium parisien. « Dieu est amour» (1Jn 4, 8), telle est l’identité de Dieu en qui nous croyons mais « l’amour n’est pas aimé» (saint François d’Assise). La haine de la foi perdure. Notre prière d’aujourd’hui doit rejoindre tous ceux qui sont persécutés et tués à cause de leur foi. Les martyrs ne sont pas des figures d’un autre âge. Le beau témoignage de la foi continue à être rendu et il convient que les disciples du Christ se soutiennent dans l’épreuve. Le XXe siècle a été un siècle de martyrs. Nombreux sont les hommes et les femmes qui ont été tués en haine de la foi dans les goulags, à Dachau, à Auschwitz… Édith Stein, Marcel Callo… Rappelons aussi les noms de Monseigneur Romero au Salvador et de Christian de Chergé, supérieur de Tibhirine, ancien des Carmes. Actuellement, certains pays connaissent une forte persécution: le Nicaragua, le Nigéria, le Mexique, le Mozambique, l’Inde, la Libye, le Cameroun. La France non plus n’est pas épargnée et nous nous référons alors à Jacques Hamel assassiné à Saint-Étienne-du-Rouvray en 2016. Le procès qui attend le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque émérite de Hong Kong, nous appelle à un soutien spirituel pour lui et pour une église catholique qui peut se sentir abandonnée.
Au deuxième livre des Rois, nous avons entendu: « Permets que Ton serviteur emporte de la terre de ce pays…» Ceci me fait penser à cette phrase bien connue de Tertullien « sanguis martyrum, semen christianorum» et celle au bas du perron des Carmes où ils tombèrent: « Hic ceciderunt». Les martyrs ont « imbibé» de leur sang une Terre Sainte et qui nous porte pour marcher comme eux pour la gloire de Dieu et le salut du monde. AMEN